L’expérience maltaise

accueil ETI Depuis un avion Malte a des allures de radeau perdu en mer. En approchant se dessinent d’abord les contours d’une grande citée aux limites diffuses, puis des sentiers tortueux conduisant à des champs exigus et morcelés à outrance, au point de ne paraître que des prétextes à élever des murettes.

Les remparts imposants des citadelles apparaissent alors comme le délire d’un fou venant frapper d’alignement ce qui n’était jusque là que courbes et volumes ronds. Voulant dominer, par l’angle, le point d’inflexion.

 A travers le hublot un air de déjà vu nous renvoie aux images des villes du moyen orient où le gris du béton bon marché se dispute au bas des grues, avec la pierre calcaire, le droit d’ajouter un cube, un balcon, une tourelle de plus, au chaos architectural de maisons qui se prennent pour des chateaux. On survole des terrasses qui étirent leur cou cherchant une mer qu’elles savent proche mais qu’elles n’ont jamais vu et ne verront jamais, des jardins cachés, des jardins secrets aiment se faire sentir, des rues sans trottoirs qui n’ont jamais connu le goudron. Des goudrons qui ont trop vécu.

  Encerclés, quelques bâtiments modernes cachent la mer avec l’arrogance que donne le métal et le verre sur lesquels brillent les enseignes des puissants, comme naguère le faisaient les blasons et les fanions des nobles de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem.

…Notre hôtesse nous sourit sous son écriteau ETI qui s’agite au milieu d’une foule bigarrée de cartons, feuilles de papier glacé, et autres logos volants, de ce que nous supposons être des écoles d’anglais en attente de « students ». Derrière eux, une silencieuse  armée  de chauffeurs  chemiseblanchés et cravatés attend son ordre d’invasion.

 …Distribution de clés et consignes et nous voilà déjà séparés de la  jeune fille dont les manières nous avaient laissé supposer,  le temps d’un sourire, qu’on se connaissait depuis si longtemps que notre relation amicale allait dépasser les cinq minutes et les vingt mètres qui nous séparaient de la porte de l’aéroport. Nous fûmes livrés aux chauffeurs…


 …L’expérience de la conduite à droite nous submerge alors dans un stress qui nous pousse au mutisme. Le sens de l’observation, si précieux en voyage, est collapsé par de messages en provenance de notre cerveau reptilien qui nous indiquent que quelque chose de pas normal se déroule à l’extérieur de la voiture. les priorités ne sont pas respectées, les rond points tournent à l’envers…notre chauffeur n’est pas assis au bon endroit, de même que le passager de la voiture à notre gauche,  au feu rouge, qui a manifestement un volant entre ses mains.

  Nous voilà arrivés, plus vite que nous ne l’aurions souhaité, à l’entrée du bâtiment….Neuf!!! Tellement neuf, tellement blanc, propre et vide qu’on se demande s’il ne faut pas enlever les chaussures depuis la rue jusqu’aux appartements du troisième et quatrième étage.

Le temps de faire la reconnaissance des lieux nous constatons la présence d’un allemand, un fantôme et trois jeunes femmes, deux coréennes au 8 et une brésilienne au 9.

  Début de nos balbutiements en anglais. Ce n’est pas terrible…ou alors si, c’est terrible. Mais c’est pour ça qu’on est là, non?

 

 

Laisser un commentaire